- dérouiller
-
dérouiller [ deruje ] v. tr. <conjug. : 1>• 1565; desroiller v. intr. 1196; de dé- et rouille1 ♦ Rare Débarrasser de sa rouille. Dérouiller un canon de fusil.♢ Fig. (fin XVIe) Fam. Cour. en parlant d'une faculté physique ou intellectuelle. ⇒ dégourdir. Dérouiller sa mémoire. ⇒ réveiller. — Se dérouiller les jambes en marchant.2 ♦ (1924) Pop. ⇒ battre; dérouillée. Il s'est fait dérouiller. « À ton arrivée au dépôt, je serai là pour te dérouiller la gueule » (Aymé).♢ Intrans. Être battu, puni. Qu'est-ce qu'il a dérouillé ! ⇒fam. déguster.⊗ CONTR. Rouiller.
● dérouiller verbe transitif Enlever la rouille d'un objet. Dégourdir les membres en leur donnant de l'exercice : Cette marche m'a dérouillé les jambes. Redonner de la vigueur à son esprit, à sa mémoire, rafraîchir, remettre en train. Populaire. Donner des coups à quelqu'un. ● dérouiller (synonymes) verbe transitif Populaire. Donner des coups à quelqu'un.Synonymes :- corriger- rosser● dérouiller verbe intransitif Populaire Recevoir une volée de coups. Souffrir : Il a dérouillé dans sa jeunesse !dérouillerv.rI./r v. tr.d1./d ôter la rouille de. Dérouiller une arme.d2./d Fig., cour. Faire perdre son engourdissement à. La lecture dérouille l'esprit.— (Faux Pron.) Se dérouiller les jambes.rII./r v. intr. Pop. Recevoir des coups.I.⇒DÉROUILLER1, verbe trans.A.— Enlever la rouille de. Dérouiller des armes (Ac. 1798-1932). L'ablution du temple, dont on arrose et dérouille les chaînes, les gonds et les verrous (HUGO, Fin Satan, 1885, p. 825).— Emploi pronom. à sens passif. Perdre sa rouille. Le second hiver, le poêle ne se dérouilla seulement pas (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 683).B.— Au fig.1. Emploi pronom. Se donner de l'exercice, se mettre en train physiquement. Se dérouiller les jambes. J'ai monté à cheval à deux heures pour me dérouiller (MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p. 176).2. Rafraîchir, exercer ses facultés intellectuelles, ses sentiments. Le cœur se rouille. Dérouillons-le (BERNANOS, Lettres inéd., 1906, p. 1737).— Emploi pronom. Se dérouiller la mémoire (Ac. 1932).— P. ext. [L'obj. désigne une pers.] Donner de bonnes manières à, dégrossir. Le commerce du monde l'a dérouillé (Ac. 1798-1932).Rem. On rencontre ds la docum. a) Une accept. métaph. ds la lang. triviale [Le suj. désigne une prostituée] Entraîner un client. Les gonzesses dérouillent comme des championnes ce soir, les hommes vont bicher (SIMONIN, Pt Simonin ill., 1957, p. 47). b) Dérouillé, ée en emploi adj. Le jeune vieillard, le septuagénaire dérouillé (MORAND, L'Eau sous les ponts, 1954, p. 110). c) Le dér. dérouilleuse, subst. fém. [Jeannette à Tonton :] dérouilleuse de braquemards pestiférés! ([LECLAIR], Méditations hussard, 1809, p. 25).Prononc. et Orth. :[
], (je) dérouille [
]. Ds Ac. 1694, s.v. desroüiller; ds Ac. 1718-1932 sous la forme sans tréma. Étymol. et Hist. 1. 1195 sens propre desroïllier ici intrans. « perdre sa rouille » (AMBROISE, Guerre Sainte ds T.-L.); 2. 1393 fig. « nettoyer, désengourdir » (Ménagier, II, 291 ds T.-L.); spéc. 1616 dérouiller les esprits (D'AUBIGNÉ, Hist., II, 311 ds LITTRÉ); 3. 1924 pop. « battre » (ESN.). Dér. de rouiller; préf. dé(s)- (lat. dis-); formé comme anton. de enrouillié « rouillé » (CHRÉT. DE TROYES, Charette, éd. M. Roques, 5118). Fréq. abs. littér. :32.II.⇒DÉROUILLER2, verbe.PopulaireA.— Emploi trans. Donner une volée de coups à quelqu'un. Synon. corriger, rosser :• 1. À la maison, ça recommence, ça repique en trombe... c'est un ouragan... mon père me dérouille à fond, à plein coups de bottes, il me fonce dans les côtes, il me marche dessus, il me déculotte. En plus il hurle que je l'assassine!...CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 124.B.— Emploi intrans. Recevoir une volée de coups, une algarade, subir des désagréments. (Quasi-)synon. pop. déguster :• 2. ... mon chauffeur (...) vitupère contre les tringlots « qui se la coulent douce à Nancy, pendant que les cons comme nous dérouillent sans cesse ».ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, p. 290.Prononc. :[
], (je) dérouille [
]. Étymol. et Hist. Cf. dérouiller1. Fréq. abs. littér. :12. Bbg. HOTIER (H.). Le Vocab. du cirque et du music-hall en France. Paris, 1973, p. 47, 134.dérouiller [deʀuje] v.ÉTYM. 1195, desroïllier « perdre sa rouille »; de 1. dé-, et rouiller.❖———I V. tr.1 Rare. Débarrasser (qqch.) de la rouille. || Dérouiller un canon de fusil. || Dérouiller et polir une plaque de métal.2 (1616). Fig. et fam. Cour. Rendre plus actif, plus vif (le corps, l'esprit, une faculté physique ou intellectuelle). ⇒ Dégourdir. || Dérouiller sa mémoire. ⇒ Réveiller. || L'exercice dérouille le corps. — Vieilli. || Dérouiller quelqu'un. ⇒ Dégrossir, façonner, polir. || L'usage du monde l'a vite dérouillé.3 (1924). Fam. ⇒ Battre. || Il s'est fait dérouiller. || Il l'a drôlement dérouillé. — Par extension :1 Tu te fous de moi ? C'est bon. Profites-en. À ton arrivée au dépôt, je serai là pour te dérouiller la gueule.M. Aymé, Travelingue, p. 154.———II V. intr.2 (1907). Argot. Faire son premier gain de la journée (en parlant d'une prostituée).2 Quand je mets cette robe, ma pauvre, je dérouille pas.A. Sarrazin, l'Astragale, p. 170.——————se dérouiller v. pron.2 (Réfl.). ⇒ Dégourdir (se). || Se dérouiller après une longue inaction, en faisant de la gymnastique. || Il n'a pas fait de mathématiques depuis longtemps, il aurait besoin de se dérouiller. — Par ext. ⇒ Instruire (s'), polir (se). || C'est un rustre, il doit se dérouiller. — (Faux pron.). || Se dérouiller les jambes par une petite marche. || Se dérouiller l'esprit, la mémoire.3 (Récipr.). Se battre.2.1 Ah ! ma foi, moi, j'aime mieux rester rouillé, que d'me dérouiller à coups de boulets.Éd. Corbière, la Mer et les Marins, V, 3, in D. D. L., II, 13.——————dérouillé, ée p. p. adj.1 Débarrassé de sa rouille.3 Et vois comme le fer, par le feu dérouillé,Prend une couleur vive au milieu de la flamme.Corneille, Imitation de Jésus-Christ, II, 4.2 Fig. || Esprit mal dérouillé. ⇒ Dégourdi.❖CONTR. Rouiller. — Encrasser, endormir, engourdir. — Abêtir, abrutir.DÉR. Dérouillage, dérouillement, dérouillée.
Encyclopédie Universelle. 2012.
